Partons à l’assaut du pays, direction le sud pour 2 villes charmantes et incontournables : Potosì pour son histoire minière et Sucre capitale constitutionnelle. Beau programme !
Pour les rejoindre, un certain nombre d’heures de bus (>10H), de quoi tester notre premier bus de nuit sud américain, assez confortable.
Potosí : ville minière
Le cadre de la ville est très beau puisqu’il est environné de collines qui ont la particularité de receler de trésors miniers. Dont une particulière, puisqu’elle domine majestueusement la ville, on peut l’admirer à loisir depuis les ruelles du centre.
La richesse de cette colline « Cerrro Rico » était déjà connu des incas et il s’agissait d’un lieu sacré donc aucune exploitation (mais sacrifice rituel au sommet, hum hum).
Bref, vous imaginez bien qu’avec l’arrivée des conquistadors il y a eu quelques légères modifications !
Une fois le gisement (re)découvert, le lieu est devenu la poule aux oeufs d’argents des espagnols. Une ville est apparue comme par enchantement. Et c’est tout naturellement qu’ils y frappèrent la monnaie (à la Casa de la Moneda), mais aussi médaillons, bijoux … et même pot de chambre en argent massif (la démesure ne date pas d’hier !).
Revenons à la maison de la monnaie car aujourd’hui, ce beau bâtiment est avant tout la mémoire de Potosí.
On nous y explique évidemment les différents processus de fabrication des pièces de monnaie à travers le temps : des plus rustiques (pinçon que l’on frappe avec un marteau), aux machines avec rouages plus complexes tirés par les chevaux jusqu’aux machines à vapeur. Les moyens sont mis en place quand il s’agit de renflouer les caisses.
Petit apparté, j’ai oublié de mentionner qu’ici on est à 4000 m d’altitude, le climat est rude et du coup à l’époque les chevaux importés avait une durée de vie de 6 mois !
Pour l’anecdote, parce que je l’aime bien, les premières pièces frappées sont biscornues, non pas à cause du temps mais parce qu’elles été raclées sur le côté pour récupérer de l’argent (le métal, vous suivez ?). Pour parer aux petits filous, on y a rajouté par la suite des petites rainures sur le côté, simple et efficace.
J’ai sauté un peu une étape, puisque la matière première ne tombait pas du ciel mais il fallait la puisait dans les entrailles.
Inutile de décrire les conditions de travail terribles, ni de préciser que ce n’étaient pas les nouveaux arrivants qui mettaient les mains à la mine. Il y a même eu une tentative infructueuse de faire travailler des esclaves d’Afrique, qui n’ont pas supporté (rappelons le) l’altitude et le froid en plus de la pénibilité des tâches.
À l’heure actuelle, il y a toujours des mines en activité, le travail y est malheureusement toujours très dur. Il est possible de les visiter pour se rendre compte des difficultés (euphémisme) rencontrées par les mineurs qui carburent à la feuille de coca et qui financent eux même la dynamite #!? Nous avons pris le partie de ne pas le faire car on ne se sentait pas en droit d’être là en touriste, justement (choix personnel).
L’arrivée des colons s’est accompagné d’un autre changement majeur. Essayez de deviner … Qui dit culture espagnol, dit religion catholique.
On avait effleuré le sujet à la Paz, mais c’est ici que l’on comprend parfaitement comment on est passé du culte de la Pachamama (mère Terre) à la vierge Marie.
Il faut savoir que la Pachamama est reliée aux forces naturelles : soleil, étoiles, lune et elle était représentée à l’intérieur d’une colline.
Il se trouve qu’un passage de la bible mentionne la Vierge Marie comme « une femme ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de 12 étoiles », le parallèle devient de suite assez frappant
On mélange un peu tout ça, pour arriver à ce type de représentation très commun en Bolivie (je vous laisse faire les rapprochements on ne peut plus visuels) :
La forme du manteau représente le « Cerro » lui même, reprenant l’image initiale de la Pachamama.
J’en finis là les explications théologiques, je vous rassure.
La ville étant à l’époque plus grande que Paris et Londres, nous avons pu admirer nombre d’églises mais surtout depuis l’extérieur. Le nombre d’habitants actuel est trop petit pour autant de lieux de cultes, qui sont souvent ouverts que pour certaines messes.

Nous avons pu tout de même visiter le couvent de Ste Theresa (visite guidée rien que pour nous, et en français, royal) où l’on y découvre les conditions assez rudes des soeurs carmélites bien que le cadre de vie est des plus charmants.
Les cloîtres sont magnifiques et les explications très fournies, excellente visite.

C’en est fini pour la partie historique. La question est qu’en est-il de Potosí aujourd’hui ?
Peu de filons miniers, la ville a réduit comme peau de chagrin.
Il reste bien sûr toujours une animation perpétuelle : marché, pétards à l’occasion d’une manifestation, jeux pour enfants … bref le fil rouge du pays.
On sent la grandeur passée de la ville à travers les jolies places, les belles maisons colorées du centre. Il est agréable alors de flâner dans les ruelles.

Pour compléter l’ambiance de la ville, petite vue des toits depuis le mirador.
Après toutes ses informations, on relâche et on déconnecte le cerveau le temps d’une petite baignade à 4000 m aux lagunes de Tarapayas (Oros del Inca) sur les traces de l’empereur de Cusco himself !
Alors la baignade pour des raisons de sécurité est interdite mais sur place on trouve quelqu’un qui nous fait payer l’entrée pour la piscine adjacente alimentée par les sources chaudes.
On a pas tout compris au discours, on a payé et jugeant le risque nul pour une piscine : on s’est prélassé.
Bien être garanti, petite pause dans une bulle, de quoi se ressourcer avant d’attaquer l’exploration de Sucre.
La belle Sucre, de blanc vêtue
Cette fois-ci c’est de jour que l’on effectue la route, on profite donc des beaux paysages tout le long.

On découvre alors une ville blanche, élégante et égayée par des touches violettes (merci pour cette floraison des plus inattendues). Ces deux couleurs se marient très bien et nous offre un cadre de visite très agréable.

En plus de cela, nous sommes bien descendus en altitude, le climat est plus clément, on ressort nos T-shirts.
On est sous le charme de la petite vie paisible : parcs, cafés, ruelles et animations dans la rue …

En plus bénéficiant d’une cuisine partagée à notre hôtel, c’est l’occasion rêvée de faire le marché et de dîner entre francophones et boliviens.
On pourrait facilement y vivre quelques jours de plus pour cette atmosphère agréable.
C’est bien beau d’y vivre, cela dit, on a tout de même fait nos touristes et vus quelques musées, qui la plupart du temps sont peu expliqués et uniquement en español mais aussi dans de très beaux bâtiments.
Le premier dément cette affirmation puisque visite guidée en français et il vaut mieux puisqu’il traite de pierres précieuses (inutile de dire que notre vocabulaire en langue étrangère dans ce domaine est limité).
Photos interdites dans ce musée des trésors, alors pour le plus intéressant : la bolivianite (pierre qui n’existe que en Bolivie), on vous laisse jeter un coup d’oeil sur internet si ça vous intéresse. Globalement, on en apprend un peu plus aussi sur l’exploitation minière, complétant ainsi la visite de Potosí.
On continue sur l’apprentissage historique mais sur un autre registre puisqu’ici c’est de l’indépendance acquise par les troupes menées par Sieur Bolivar, dont il s’agit. On est à la « Casa libertad », ancien couvent transformé comme parlement par les premiers gouvernements boliviens.
On finit par un musée de bric et de broc quoique pas inintéressant, celui ethnographique et folklorique.
Assez curieux qu’à Sucre on trouve toute une salle relatant les évolutions du dernier siècle à La Paz ? Peut importe cela permet de donner du contexte sur les changements de mode de vie bolivien.
Puis aparté sur cette parure bolivienne féminine servant initialement à attacher les vestes (oui les sujets sont sans transitions aucunes) à la fois décoratif, devenu signe de richesse, et plus étonnant : moyen de défense voire de meurtre grâce à son bout pointu (cet assassinat à même un mot spécifique).
Je vous propose de terminer cet article en recueillement avec la découverte de 2 couvents très charmants.
Le premier Ste Clara nous est très bien présenté, on prend le temps de profiter du lieu. Je vous laisse juger par vous même sur les photos.
Le deuxième, Recoleta, en revanche se fait dans une visite guidée en groupe (on s’habitue très vite aux visites personnalisées) mais surtout au pas de courses…1,2,1,2.
Dommage car c’est aussi très beau et accompagné d’une petite orangerie et un cèdre millénaire !
On se consolera avec la place attenante qui étant en hauteur nous donne un peu de perspective sur cette très jolie ville.
Il est temps pour nous de reprendre nos sacs et partir en plein désert pour des paysages époustouflants dans la région d’Uyuni.
Digne d’un reportage France 5 ou Arte ! Très intéressant.
Lol, faut qu’on fasse attention alors :). Contents d’avoir un lecteur ravi !
Profitez bien!??